lundi 20 avril 2009

Jacques Viguier a t-il tué son épouse ?

Jacques Viguier est suspecté d’avoir tué son épouse dont le corps reste introuvable neuf ans après.Le brillant professeur de droit public à Toulouse-I-l’Arsenal a t-il commi le crime parfait, lui qui clame son innocence ?Suzanne Blanch épouse Viguier, danseuse de profession, mère aimante de trois enfants et maîtresse de son partenaire au tarot, est décrite par ceux qui la connaissent comme «une femme pétillante». Mais elle s’évapore, à 38 ans, sans ses enfants ni ses lunettes, sans son sac à main ni ses affaires de toilette entre 10 h 15 et 12 heures le dimanche 27 février 2000. C’est là le début d’un roman. Suzanne Viguier disparaît la veille d’un rendez-vous chez son avocat pour préparer son divorce d’avec un mari alors jeune quadragénaire qu’elle juge trop porté sur ses jeunes étudiantes. C’est un roman des mœurs sociales, avec des proches du couple assurant avoir entendu l’accusé dire : «On ne quitte pas Jacques Viguier.» C’est aussi le Mystère de la chambre jaune. Avec l’accusation qui affirme qu’il n’y avait que cinq clés de la maison fermée à double tour, clés toutes retrouvées sur place, alors que la défense affirme qu’il y en avait six et que Suzanne aurait donc pu s’échapper sans mal de ce domicile du quartier résidentiel de la Terrasse à Toulouse. Pour le piment de l’histoire, il y a aussi le matelas sur lequel dormait l’épouse dans un lit séparé. Le mari dit l’avoir jeté à la décharge, où il aurait brûlé tout entier, le mercredi suivant le dimanche de la disparition. Cet époux aurait donc cherché à effacer toute trace de son forfait ? Au fait des relations de sa femme avec son partenaire de tarot, il explique aux enquêteurs avoir seulement préféré se débarrasser d’un objet sur lequel «des choses auraient pu se passer». C’est à croire ou à laisser. Comme tout le reste de cette affaire.Jacques Viguier dit avoir entendu Suzanne rentrer à pas menus vers 4 h 30 dans la nuit du samedi au dimanche. Il dit avoir préparé les enfants que leur grand-père est passé prendre à 10 heures. Puis être allé courir un footing et travailler un peu avant de rejoindre les enfants et leurs grands-parents aux alentours de 12 h 30. Il n’a croisé personne durant ce footing. Les enquêteurs doutent même qu’il l’ait effectué, ses voisins et le baby-sitter de ses enfants leur déclarant ne l’avoir jamais vu pratiquer cet exercice. Jacques Viguier a couvert le parcours préalablement indiqué aux policiers en un temps plus qu’honorable lors d’une reconstitution ? Le SRPJ le soupçonne alors de s’être entraîné dans sa cellule le temps de sa détention provisoire. Il a finalement couru trop vite cette distance pour que tout colle à l’emploi du temps de sa matinée ? L’accusé ajoute du coup avoir pris le temps, ce funeste dimanche, de faire quelques exercices d’assouplissement en chemin. «Insuffisante fiabilité de ses propos imprécis, variables et contraires à des témoignages ou constatations», note l’accusation.Si rien n’accuse Jacques Viguier de manière incontestable, tout alimente le soupçon. Et c’est là qu’entre en jeu la qualité de l’accusé : de telles imprécisions, reprend l’arrêt de renvoi devant les assises, «de tels errements étaient particulièrement surprenants de la part d’une personne créditée dans son milieu professionnel d’une mémoire excellente, voire phénoménale». Jacques Viguier ne serait plus le vulgaire mari trompeur mais jaloux qui supprime sa femme, mais le brillantissime Machiavel qui, mêlant à dose savante ce qui le disculpe et ce qui l’accuse, n’aurait cherché qu’à embrouiller la justice. En foi de quoi, l’universitaire sorti en février 2001 de neuf mois de détention provisoire comparaît aujourd’hui devant ses juges, accusé d’avoir «volontairement donné la mort à Suzanne Blanch». Alors d'après vous, coupable ou innocent, Tout le Sud Ouest attend la réponse de la Cour...

3 commentaires:

  1. Excellent article, le premier que je trouve si clair sur tous les détails et indices de l'histoire. Je m'étonne donc de ne trouver aucun commentaire.

    Sur le fond cette affaire me fait penser à un Outreau bis, mais à l'envers...

    Outreau: des prévenus éclatants d'innocence (ex la boulangère!!!) que l'on condamne sans preuves, ni charges sérieuses.

    Viguier: innocenté par défaut de preuves irréfutables, mais accablé par un énorme faisceau de présomptions cohérentes et aucun élément précis réfutant sa culpabilité.
    (peut-être justement à cause d'Outreau, plus personne ne veut se mouiller...)

    En tout cas, une justice qui se ridiculise et des parties civiles anéanties par l'indifférence qui acueille ce jugement de lâches qui fait honte à la justice française.
    Ah, si nous avions droit à une débat contradictoire à l'anglo-saxonne avec interrogations croisées de tous les témoins, au moins saurait-on comment a été obtenu ce verdict...

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  2. Si il y a bien une chose que j'aurais détesté, c'est de faire partie du jury sur cette affaire !
    Oui clairement je pense qu'il est coupable...
    Mais aussi clairement j'aurais voté pour l'acquitement car, au bénéfice du doute, je préfère laisser un coupable dehors plutôt que de briser la vie d'un innocent, aussi antipathique qu'il soit.
    Et c'est probablement ce qui est arrivé. Et j'ai beau tourner le problème dans tous les sens, j'aurais fait exactement la même chose, l'affaire Outreau n'y changeant strictement rien, en ce qui me concerne.

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  3. J'ai l'intime conviction que cet homme intelligent et qui plus est professeur de droit, a été en mesure de "fabriquer" son crime parfait
    je suis en colère qu'il soit dehors en liberté

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